mardi 11 décembre 2007

Justice

lundi 10 décembre 2007

Pardon

Langage

les mots, mots, oh lala je parle je parle et le temps passe ah oui qu'est ce que je disais déjà ? Ah non, mais bon, c'est vvrai, c'est un vrai con, d'ailleurs pas plus tard Tque, c'était qu pas, oui c'est pas le croire, tu sais c'était le jour où… non, tu n'étais pas là, toi… Je ne crois, pas, oui c'est ça, si si. Quoi ? Hein ? N'importe quoi ! Pffff, lol,A mdr… C'est exactement le mot qu'il a prononcé, je t'assure, hein, non, mais on on me l'a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est Ice que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? N'importe quoi ! Pffff, lol, mdr… C'est exactement le mot qu'il a prononcé a dit, qui ? Je sais plus Sécoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'Nest ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avecO tes questions, et puis qu'est ce que ça peutO fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu Ume gave avec tes questions, et puis quN'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? J'ai mal au dos, au quai au quai j'irais mais c'est rembSoursé quoi quoi ? Pffff, lol, mdr… C'estS exactement le mot qu'il a prononcé, je t'assure, hein, non, mais on on me l'a dit, qui ? Je sais plus écoUute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? N'importe quoi ! Pffff, lol, mdr… C'est exactementNle mot qu'il a prononcé a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui P? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? J'ai mal au dos, au quai au quai Ej'irais mais c'est remboursé quoi quoi ? Pffff, lol, mdr… C'est exactement le mot qu'il a prononcé, je t'assure, hein, non, mais on on me l'a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? N'importe quoi ! Pffff, lol, mdr… C'est exactement le mot qu'il a prononcé a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avecU tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? J'ai mal au dos, au quai au quai j'irais mais c'est remboursé quoi quoi ? Pffff, lol, mdr… C'est exactement le mot qu'il a prononcé, je t'assure, hein, non, mais on on me l'a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? N'importe quoi ! Pffff, lol, mdr… C'est exactement le mot qu'il a prononcé a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? a dit, qui ? Je sais plus écoute, tu me gave avec tes questions, et puis qu'est ce que ça peut fiche ? pas, oui c'est pas, oui c'est mots Quoi ? Hein ? J'ai mal au dos, au quai au quai j'irais mais c'est remboursé quoi quoi ?



A Martine


Tes quarante balais. Vit’fait !

Tes quarante balais, chérie, j’les ai oubliés.
Qu’est-ce que j’te donn’, pour’qu’tu m’pardonnes ?

Quelques biftons ? C’est pas dans l’ton !
Promesses d’av’nir ? J’peux pas les t’nir !

Un gros baiser ? T’es habituée !
Un p’tit bouquin ? J’en ai pas, là, sous la main…

Un peu d’amour ? Attrapes toujours !
Voilà, tu vois, je suis coinçé !

Après tout, p’têt qu’l’air de fête, la musique, les flonflons,
tu les as pris, depuis vingt ans que tu m’subis…

Alors, écoutes, j’ai qu’ma dégaine, mon rien, ma peine,
tout l’reste est là, autour de toi…

C’est nos quat’gars, c’est moi, c’est toi !

Ça fait vingt ans que d’temps en temps, on s’dit com’ça
qu’évidemment, avec un autre, ça s’rait marrant !

Pourtant, lâch’té ou bien, peut-être, fidélité,
c’est toujours nous qu’on voit l’matin, au petit jour !

Qu’est-c’que j’te donne, pour qu’tu m’pardonnes ?
Un peu d’amour ?

Ligne droite

dimanche 9 décembre 2007

Essai 6

Dans ma rue


Rue Léon Bonnard – Constantine – 1958-1962

Dans ma rue, la vie fourmille entre zéro et cent. Je parle en centimètres du haut de mes sept ans.
Zéro. C’est la hauteur sur le gravier des boîtes de tabac à priser. Du bon ! Du Benchicou de Constantine. Des boîtes bien écrasées, qui partent droit quand on shoote dedans.
Soixante-dix. C’est la hauteur des hommes après repas, dans le soleil brut du début d’après-midi. Accroupis, en ligne, dans l’ombre rare d’un bas de mur, ils achètent pour quelques centimes un petit verre de café au vendeur qui en porte un plein plateau. Puis ils retourneront ensacher le blé de la coopérative, dans les poussières en suspension.
Trente. Mais là, respect ! C’est de mètres que je parle. Ceux qui me séparent de la Chevrolet Impala du Bachaga descendu des hauts plateaux pour mégoter à mon père un meilleur prix sur ses milliers de quintaux de blé dur. Pour le corrompre : trois poules faméliques et quelques œufs dans le fond d’un panier… Éternel paysan, sous tous les continents.
Dans ma rue, enfin, qui se termine près d’un pont, chaque matin en partant à l’école, je dois changer de trottoir, pour m’éloigner, peu rassuré, de ce clochard fou qui abrutit sa vie et affole la mienne dans l’alcool à brûler.
Dans ma rue, la nuit, j’entends crier le fou, caché dans les gorges noires du Rumel. On l’appelle Alaoua, car il crie Alaoua et ses cris nous angoissent, jusqu’à renaître un jour, bien plus tard à ma conscience d’homme : ses cris, c’était Allah Ouakbar, rue Léon Bonnard.


Rue de l’église – Caumont-sur-Durance – 1963-1964

Quelles raisons avais-je de sortir dans ma rue ? Une rue provençale qui grimpe vers l’église ; en haut, dans l’axe, plantée comme une évidence. De cette laide villa où la vie nous a conduits, jusqu’à la bâtisse religieuse, la rue grimpe en pente douce, sur cent cinquante mètres d’où vont partir, un an durant, toutes les aventures de mes douze ans.
Laide et froide, je la quitte facilement, la maison, mon ballon de cuir à la main, dont j’entends encore le bruit du rebond sur le mur ? Échappant sans problème au manque d’attraction de cette pseudo-villa, je ne vois pas je guette en premier lieu, de l’autre côté de la rue, la grille de ‘Ma Carme, vieille fille barbue mais seule propriétaire, dans ma rue, d’un poste de télévision. Pourquoi nul bruit dans la rue de l’Église ?
Puis mon regard remonte vers cette église, sous les piaillements d’hirondelles qu’une nostalgie hargneuse veut introduire ici pour y mettre du son.
En haut à gauche, le jujubier, dans le jardin des Domergue ; et mon oreille écoute s’il en sort quelque bruit du moteur d’une 403 camionnette qui pourrait—ô Dieu magique, fais un geste pour en enfant qui s’ennuie—nous conduire dans les champs, briser la monotonie de nos après-midi.
Les jours fastes, dans ma rue, je retrouve les copains, fils d’Oranais—Chacon, ma parole—avec qui je partage des racines algériennes.
Alors, nous allons derrière la sacristie, dans le “local”, compter les centimes futurs qui naîtront de notre collecte de vieux papiers. Dans l’odeur humide et vieille, journaux et vieux missels… Notre richesse de scouts de campagne.
Dans ma rue, j’y repasse parfois, mais rien ne m’y retient.

Essai 6

Attention à l'eau

Dans la rue du lycée, cette nuit, Raymond Chili rentre chez lui. Dans son manteau qui peine à le réchauffer, Raymond Chili rentre chez lui, perdu dans ses pensées. Foutue fin de soirée quand on a l'impression de s'être fait gruger. Personne n'apprécie. Pas plus lui que vous.

Pourtant, malgré tout, quelque chose de léger flotte dans l’air
— Je me suis fait gruger, presque voler, délester. Oui ! C'est cela, délester. Je suis plus léger de cinquante euros. Et tout cela pour m'entendre prévenir : « Attention à l'eau ! ».

Un rire lui échappe.
— Attention à l'eau ! Tu parles ! Au liquide, oui plutôt. Un beau billet, frais retiré du distributeur, il n'est pas resté deux heures dans ma poche ! Je t'ai payée en liquide, ma belle. Tu m'as bien eu ! Mais la faute à qui ? Hé… Je ne l'ai pas volé, remarque, poursuit-il, en sourdine, d'une voix à peine retenue. Raymond Chili rentre chez lui. Tel un hélium de l'âme, légère et enivrante, son excitation le pousse presque à prendre à témoin les quelques passants qu'il croise.

— Hé ! Vous ! Vous voulez vous savoir comment perdre cinquante euros ? Je vais vous le dire. Pas compliqué. Vous sortez en fin d'après-midi, poussé par la curiosité, la faim d'aventure. Vous courez direct chez une dame. Vous faites vos affaires et vous en ressortez, allégé du billet. Voilà !
Il y a des durs de la feuille, des fêlés du bocal… Moi, je suis un allégé du billet. Mais il est lourd aussi, d’un nouveau secret : attention à l’eau !

Elle l'avait prévenu, pourtant, la dame, dès l’arrivée. Installé dans le fauteuil club en vieux cuir, il l’a laissée parler.
— Savez-vous ce que vous venez chercher ? En avez-vous une idée ? Vous savez, on entre ici avec des questions, on en sort avec des réponses ! Mais pas nécessairement celles que l'on attend. Alors si cela vous effraie, il est encore temps. Vous savez les lignes, c’est particulier. C’est pas tout le monde qui apprécie. Chacun a ses limites…
Mais il n’a rien répondu. Tant pis. Trop tard, en franchissant sa propre porte pour rejoindre son rendez-vous, il l’avait déjà franchie la limite. Accepté, le sort. Abdiqué la résistance. Ouvertes les écoutilles vers le monde de la chiromancie.

Alors elle lui a pris la main, doucement, et l’a portée vers elle. Et c'est ainsi que tout a commencé.
L’esprit encore en suspension, ses limites, Raymond y réfléchit. Mais pas longtemps. Aujourd'hui sa raison raisonnante a pris la tangente. L’air de rien, la dame a pris sa main. Elle l’attire, et lui se laisse bercer. Cette prise en charge, peut-être l'attend-il depuis toujours. On résiste, on raisonne, on refuse, on récuse, on se dérobe, on s’enrobe dans de mauvais prétextes et la vie passe... Mais attend-on vraiment autre chose que de s’abandonner à l’autre, à ses visions, à ses verdicts ? Ce moment, Raymond l’attend peut-être sans le savoir depuis qu'il a quitté le ventre de sa mère. Ne plus réfléchir, lâcher prise, se laisser faire, perdre le contrôle, se perdre dans le néant d'un instant insensé où plus rien ne menace. Subtile suspension du temps. Raymond s'abandonne au hasard. Raymond s’abandonne au présent. Et le présent est excitant, avec ses promesses inconnues.

La dame, déjà, dans sa main pose la sienne. Son regard donne vie à ses lignes.
Que va-t-elle lui dire ? Quels avertissements ? Quelles menacent, enfouies dans ses paumes ? Quels éléments qui l’attendent au tournant : l’eau, le feu, l’air, l’argent ? Que doit-il faire ? Qui doit-il croire ? A-t-il déjà vécu le meilleur ou le pire ?
Silence. Le réchaud à pétrole habite la pièce de son ronron ouaté. Il fait bon. Il fait chaud. Et dans la paume de l'homme de cinquante ans, la dame se perd sur le Mont de Jupiter.

Géographe de l'âme, ce n'est pas une main qu'elle ausculte, c'est la carte de sa vie. Encore attaché à la réalité par quelque fil ténu qui résiste, Raymond l'observe. Attentif. La voilà qui passe de Mars au Soleil ; un saut dans les affaires ; un détour par le pouvoir ; la ligne d’intuition est chaînée.

La pression du pouce explorant le Mont-de-vénus se fait plus douce. L'autre pouce, lui, parcours en la frôlant la peau de Raymond qui s'endort.

La voyante descend dans l'infini des lignes de la main qu'elle maintient. Fermement. Elle est belle comme une femme qui n'attend rien. Pas d'enjeu sur son visage. Concentrée à l'extrême, elle ferme les yeux et lit avec les doigts le destin de Chili.

Vous avez des doigts qui parlent, vous, M. Chili. Vos signes cardinaux sont les premiers signes du trimestre, ceux des démarrages, de l'envie d'action. S'il se dégage une majorité de signes cardinaux dans votre thème, ceci dénote une capacité importante d'innovation, de changement. La contrepartie peut en être un manque de stabilité, de capacité à achever ce qui a été démarré. Mais voyez celle-là, c'est la ligne qui part de la base de la paume et se dirige vers l'auriculaire, le petit doigt qui vous raconte tout…


Pour vous, Monsieur Chili, ce doit être le siège des pressentiments et de vos rêves prophétiques, c'est votre 6e sens. Votre intuition est bien développée, vous "sentez " les bonnes ou les mauvaises influences qui se dégagent des gens et des choses. Une seule ligne nette et profonde indique le goût du commerce. Chez d’autres, le petit doigt spatulé indiquera une tendance au vol. Vous n’êtes pas voleur vous M. Chili. La ligne de Mercure nette, droite, commençant sur la rascette indiquera ici compétences et succès en affaire, lorsqu'elle s'arrête à la ligne de cœur et sur le mont de Mercure il y a des barres parallèles, le sujet dilapidera son patrimoine et risque de terminer sa vie dans la pauvreté pour n’avoir pas vu ce qu’il avait à voir, mais vous, monsieur Chili, vous avez de la chance, vous êtes venu me voir. Je vois de l’eau, monsieur Chili… Monsieur Chili ?

Mais Raymond n'est pas là. Pas encore. Pas déjà. Ne brise pas déjà cet espace de liberté, ce temps de pur présent ; ne dis rien qui précipite la fin de cet instant. Trop tard. Trahi par ce souhait de figer l’instant, réveillé par la voix qui poursuit, Raymond revient à sa vraie vie.
Et ce Mont de Saturne, Monsieur, regardez-le un peu, vous le voyez ?
Interloqué, n'osant pas l'avouer, Raymond ne le voit pas, sautant comme un cabri des yeux de la dame à la paume de sa main, Raymond cherche…
— Saturne, Saturne… Euh… Saturne… Vénus… Junon… Labyrinthe des sens. Ca sent le bureau d'écolier, la version latine qui se traîne, les émois du collégien qui n'a pour magazine qu'un livre de latin. Et l’eau, quelle eau ?
Mais elle, tel un Pointer levant une perdrix, suit la piste. Trop tard, il ne la freine pas. Le temps est là et se rappelle à lui.
Bonne confiance en soi… Trop, peut-être, trop ! Regardez ! Et elle parle et elle parle. Elle le regarde avec cet air confiant qu'ont les gens qui ne doutent de rien.
— Attention à l’eau, M. Chili, c’est clair, attention à l’eau. La plaine de Mars est dans l'alignement du majeur et de la Réussite…
La suite s’est passée dans un semi-nuage, il a payé, il est sorti.

Le majeur, j't'en foutrait moi, du majeur. C'était il y a une heure. Le voyage intersidéral dans l'espace du rêve ! L'atterrissage est dur. Raymond se perd en conjectures.
Évite une poubelle, Raymond ! Descend sur la chaussée. Traînasse ! Ne rentre pas chez toi y retrouver tes vieux doutes de vieux gars. Tu t'es laissé aller ce soir dans les mots d'une belle, tu y as cru. Tu as cru t’aventurer parce que tu t’es confié. Mais tu as laissé le sort décider pour toi ! Traînasse et réfléchis. Marche sur le trottoir, évite les ordures qui se répandent en attendant le rendez-vous fatal du camion poubelle. Saturne et Vénus sont reparties en java, dans l'au-delà. Mais seules. Sans toi.

Le camion, le voilà. De rage, tape dans une boîte. Écrase un pack de lait, envoie valser cette croûte qu'un peintre du dimanche a lâchement déposée. À moins qu'il ne s'agisse d'un héritier venu débarrasser le grenier du tonton qu'on a jamais connu et qui vous gratifie d'un vieux tableau de mer… Lui aussi il attend le camion. Oubliant un instant son eau et son destin qu’il balaie d’un revers de main (je sais nager, je m’en fous de cette eau…) Raymond Chili feint de se baisser pour emporter chez lui cette épave de la nuit, cette gouache jaunie qui luit sous les tropiques d'un triste lampadaire. Et qui lui plaît. Mais la phrase lui revient. L'injonction chère payée ! Attention à l'eau ! Et son esprit repart, et lui suit comme l’aveugle son chien : L'eau, oui ! Mais quelle eau ? La pluie ? L'eau du Ricard ? Du robinet ? De Cologne ? Minérale ?

Les freins du camion détournent sa pensée et il regarde travailler les hommes de la nuit.
Eux, leurs 50 euros, ils les auront gagnés et ils sauront pourquoi. Moi j'ai placé le billet mais pas encore touché les intérêts, murmure l’homme attardé dans la nuit.
Sans même s'en rendre compte, Raymond rentre chez lui, la main calée dans la poche, encore chaude et fermée sur ce mystère qui demeure dans ses lignes. Une petite Suze, les dents et au lit.

Avec le doux des draps connus, l'espoir reprend sa place. Demain il fera jour et je sais de quoi sera faite ma journée. Café, journal. Pas de hasard. Plus de voyance et je ne suivrai plus que mes seules intuitions !
Midi Libre, édition Gard, du dimanche 7 janvier.
Rubrique faits divers.
Gros lot sur le trottoir
Un éboueur découvre un Seurat dans la rue.
« Je l'ai vu. Il m'a plu, alors comme j'ai toujours rêvé d'avoir un tableau chez moi, je l'ai gardé. Et ce matin, mon voisin à qui je l'ai montré m'a dit qu'il vaut dans les deux millions d'euros », a déclaré, ravi, Ahmed B. éboueur de la Ville de Nîmes qui a trouvé rue du Lycée une toile de Georges Seurat que l’on croyait perdue. Peinte en 1890, cette œuvre intitulée Le canal à Gravelinnes, direction de la mer, frappe par son pointillisme et son équilibre entre le ciel et l'eau.
Saint du jour
On fête les Raymond et les Virginie.
La lune se lève à 19 h 43.
Léger Mistral sur le Golfe du Lion.